histoire

Le manoir de Kerinan est situé en la commune de Languédias. À deux kilomètres N.N.E. du bourg, sur la route de Languédias à Trébédan, non loin de l'étang et château de Beaulieu ( ancienne abbaye d'Augustins fondée en 1163, par les Seigneurs de Dinan).

Sous l'ancien régime, Kerinan faisait partie de la trève de Saint René, en la paroisse de Mégrit. En 1790, Languédias, autre trève de Mégrit fut constitué en commune et paroisse. Mais Saint René, bien que séparé de Mégrit par Languédias continua néanmoins à dépendre de Mégrit.

Ce n'est qu'en 1834 que l'écart de Saint René sur lequel est situé Kerinan fut rattaché à Languédias
La chapelle de Saint René, dont l''histoire est intimement liée à Kerinan, était desservie jusqu'à la Révolution par un recteur qui y exerçait toutes les fonctions curiales excepté la tenue des registres d'Etat Civil.

Si l'on veut donc faire des recherches d'actes d'Etat Civil, consulter en premier lieu les registres de Mégrit.

historique

Selon le recteur d'Yvignac qui en 1890 déposa des notes sur Kerinan à la Société Archéologique des Côtes du Nord, le manoir actuel daterait de la seconde moitié du XVI ème siècle.
En 1890, il semble bien conservé. M. de la Messelière le visita en 1921 et en fit un dessin. Il parait en état à cette époque.

famille cadier

Cette maison du XVI ème fut très certainement construite à l'emplacement d'une maison plus ancienne et plus considérable. En 1890, on voyait encore en avant du manoir les restes de deux tours crénelées et d'une guérite. Leur emplacement se lit sur le cadastre de 1848. On y voyait aussi des traces de douves. Ces différents éléments laissent supposer que la maison primitive était une petite place forte.

Cette maison forte primitive était fief de la famille Cadier, à qui on attribue les armes que l'on voit aujourd'hui sur la porte d'entrée :

"de Gueules à la fasce nouée d'argent surmonté d'une merlette de même"

Ces armes dont je donne la reproduction d'après un dessin qu'en fit M. de la Messelière en 1921, sont timbrées d'un heaume surmonté d'un tortillon de chevalier, lui-même surmonté d'une tête de cerf.

Je ne suis pas assez féru en héraldisme pour en donner l'exacte signification.

Les Cadier tenaient Kerinan sous le Vicomté de Dinan et relevaient en arrière fief du Duc de Bretagne. Ils possédaient un fief et une juridiction dont j'ignore l'importance et l'étendue. Cette famille n'a pas laissé beaucoup de traces dans les annales bretonnes .Il est possible qu'étymologiquement, Cadier soit un dérivé de la famille des Cades, Cadic, Cadiou surnom breton signifiant "combatif" ( Dauzat).

Nous voyons en 1437, un Thomas Cadier Sgr. de Kerinan rendre aveu au Duc de Bretagne pour son " Fye et maison de Kerinan ", sous le Vicomté de Dinan.
Il lui fait la même année serment de fidélité, ainsi qu'un autre J.Cadier.
Tous deux sont classés parmi les nobles de la Châtellenie de Jugon (appartenant au Duc ).

En 1464, Guillaume Cadier " homme d'armes à la morte paye "

( 1 ) émarge aux comptes du Trésorier de Bretagne. En 1481, un autre Cadier également prénommé Guillaume est qualifié "archer de la garde du Duc".

Ces Cadier présentent toutes les caractéristiques de ces nobles bretons sans grande fortune, hommes d'armes au service des grande seigneurs et du Duc de Bretagne, qui au XIV et XV ème siècles pullulaient dans les campagnes du Poudouvre et du Penthièvre.
Si l'on remonte plus loin dans le temps, on voit, dans l'acte de fondation de l'abbaye de Beaulieu (toute proche) (1163) qu'un bois, dit  "bois de Kerinan" dépendant du domaine de Beaulieu est donné par Rolland, Sgr. de Dinan aux moines Augustiniens qu'il installe dans son domaine.
Comme il n'est pas fait dans cet acte, mention d'un château et d'un fief à Kerinan, mais simplement d'une "tenue"

(2), Il est permis de supposer que la tenue de Kerinan qui n'était pas donnée aux moines, fut cédée par la suite, en féage, par les seigneurs de Dinan à la famille Cadier (ou une autre plus ancienne), à charge d'y construire une place forte pour défendre la frontière Sud Ouest de la Vicomté de Dinan contre les Penthièvre voisins, ennemis héréditaires des Seigneurs de Dinan.
On relève des cas semblables de places fortes érigées dans cette région contre les razzias des Penthièvre dont la plus caractéristique est le château de Montafilant.
Evidemment, ceci n'est qu'une hypothèse sur les origines de Kerinan.
En tous cas, c'est très certainement un des derniers descendants de cette famille qui construisit le manoir actuel dans des proportions moins considérables et placèrent leurs armes sur la porte d'entrée. Ils édifièrent également non loin de la , la chapelle Saint René qui fut leur chapelle domestique. Ils y avaient leurs armes, enfeux, litre (3), etc...

Famille de TREMIGON

En 1598, on trouve Kerinan aux mains de la famille de Trémigon, à laquelle il est passé par alliance. Il fut cette année là érigé en Vicomté en faveur d'un membre de la famille de Trémigon, avec droit de colombier et de Haute Justice et titre de seigneur préeminencier de l'église de Mégrit.
C'est sans doute de cette époque que date le colombier que le recteur d'Yvignac qualifie en 1890 de plus beau du pays.

On y voyait aussi, dans une lande voisine l'emplacement d'une potence de Haute Justice à quatre pots (ce qui est important).
Il s'élevait sur un tertre proche de la maison, un moulin à vent, mais le dit recteur affirme que depuis longtemps il ne servait plus qu'à moudre la nourriture des animaux de la métairie.

La famille de Trémigon était fort répandue dans la région du Poudouvre et du Clos Poulet. Leurs armes sont très caractéristiques "d'argent à trois écussons de gueules, chargés chacun de quatre fusées d'or chargées en fasce".
Les Trémigons placèrent leurs armes dans la chapelle Saint René et leur litre dans l'église de Mégrit, où je crois on la voit toujours.

(1) - "morte paye"  à mi temps. Ce Cadier devait passer La moitié de l'an au service du Duc, l'autre moitié dans ses terres.

(2)- Tenue : exploitation agricole

(3)- La Litre est théoriquement une ceinture d'armoiries pouvant faire le tour du chœur à l'intérieur ou à l'extérieur. Le plus souvent les seigneurs se contentaient de placer une seule armoirie dans les endroits les plus variables.

En 1601, les Trémigon abandonnèrent le service de leur chapelle domestique de Saint René qui fut érigé en fillette de l'église de Mégrit. Saint René fut alors desservi par des moines de Beaulieu, puis par des prêtres de Mégrit qui peu à peu prirent le nom de recteur et probablement dès la fin du XVII ème siècle Saint René s'éleva, au rang de trève puisque nous voyons ses recteurs nommés, comme ceux de Mégrit par les abbés de Beaulieu.

Famille d'ESPINAY

Kerinan resta dans la famille de Trémigon jusqu'èn 1646 où l'héritière de cette terre, Servanne de Trémigon épousa Gabriel d'Espinay, fils d'un riche seigneur voisin : Urbain d'Espinay, Marquis de Vaucouleurs, seigneur entre autres lieux du château et de la paroisse d'Yvignac ( à une dizaine de kms dans le sud de Kerinan). Gabriel d'Espinay était neveu d'Olivier Frottet, abbé commendataire de Boquen (1651 à 1653) et demi frère d'Urbain d'Espinay également abbé de Boquen à la suite de son oncle de 1653 à 1680.

Gabriel d'Espinay ayant hérité du château d'Yvignac, sa femme puis sa descendance cessèrent dès lors d'habiter Kerinan qui fut sans doute, dès cette époque, loué à des métayers ou réduit au rôle de résidence secondaire.
Les d'Espinay furent propriétaires de Kerinan jusqu'en 1747 où Gabrielle Françoise hérita de son frère Barthélémy, mort sans postérité....

Voici la généalogie simplifiée de cette famille qui montre comment Kerinan et Yvignac passèrent par héritage de Servanne de Trémigon à Louis Claude de Breil de Pontbriand.
En suite, Gabrielle Françoise de Pontbriand, laissa Kerinan à sa fille unique Sylvie Claude, épouse de Jean Baptiste de Bruc.
Leur fille, Sylvie Gabrielle , épouse de Jean Baptiste René de Boihue en hérita mais mourut sans descendance.
Ce fut sa sœur, Sylvie Gabrielle, qui avait épousé son beau frère, Toussaint Marie de Boishue , qui récupéra Kerinan.
Le manoir devint, en héritage, propriété des Palys en 1862, puis propriété des Le Mintier de la Motte Basse en 1889.

Au siècle dernier, la famille Bouénard qui l'exploitait le racheta aux Le Mintier en 1953.


Nous l'avons acquis, le neuf Octobre 1987, quelques jours avant la fameuse tempête.  


Kerinan avait apparemment vocation à être "Une maison de femme "!!!

en savoir +

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Chapitre 1

À la recherche des ruines

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Chapitre 2

Kerinan est choisi

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Chapitre 3

La tempête

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Chapitre 4

Notre projet

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Chapitre 5

La réalisation du projet

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Chapitre 6

Les travaux

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Chapitre 7

Les jardins et les fleurs

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Chapitre 8

La vie à Kerinan

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Chapitre 9

Le Pigeonnier

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Chapitre 10

Curiosités

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Visite Virtuelle

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